Conversion et pénitence

« Convertis-toi et crois à l’Évangile »

Le Carême commence le mercredi des cendres, qui cette année aura lieu ce mercredi 6 mars et s’achèvera le jeudi Saint, avant la célébration de la Cène du Seigneur, qui aura lieu jeudi 18 avril.

Durant 40 jours, sans compter les dimanches, cette période fait principalement écho aux 40 jours que Christ a passé dans le désert entre son baptême et  le début de sa vie publique.

Le Carême est une période de pénitence et nous rappelle à notre condition humaine. C’est un temps de conversion et de sacrifice, de recentrage et de partage, afin d’être plus réceptif à la parole de notre Seigneur.

Christ a mené un combat spirituel durant sa traversée du désert dont il en est sorti victorieux par trois fois. C’est à notre tour de faire preuve de force et d’humilité. Par la prière, par la pénitence, par l’aumône, nous devons nous donner les moyens concrets de faire le point sur notre vie et sur ce qui est prioritaire et chrétien.

Nous sommes de passage sur Terre, cela ne correspond pas à notre état ultime, promis à la vie éternelle. Sur Terre, nous sommes tous pêcheurs et sommes appelés à nous convertir et à faire pénitence, en préparation à la vie après la mort.

Concrètement, nous sommes invités à prendre le temps de prier. Dans un monde toujours pressé, en perpétuel tumulte, agité de toute part, nous devons prendre le temps de se recueillir, de se détacher des superficialités de ce monde et d’écouter en silence. Méditer la parole de Notre Seigneur, en s’éloignant de la cohue de la foule, des médias et de tout ce qui tend à nous rendre dépendant et déconnecté de la spiritualité.

Dans cette continuité, nous devons donc apprendre à écouter, écouter la parole de Dieu, écouter notre âme en se recentrant, mais aussi partager. Nous avons « la chance » de vivre dans une société favorisée : nous avons accès à l’eau, à la nourriture, à la santé, aux services. C’est loin d’être le cas pour tous, vous le savez. Cessons d’être égoïstes et ayons le sens du partage et du sacrifice, de l’essentiel, pensons aux autres, écoutons Dieu.

Le jeûne est bien entendu un aspect indissociable du Carême. Il revêt cette idée de partage et de détachement. Se priver de nourriture pour donner plus de temps à Dieu et aux autres.

Par ce passage du Carême, nous nous rapprochons de Christ et l’accompagnons dans le désert, et accompagnons nos frères et sœurs qui connaissent au quotidien des conditions précaires. Nous renouvelons notre dévouement en faisant pénitence.

La douleur de la privation, le sens du sacrifice nous font prendre conscience de ce qui nous asservit et nous permet de retrouver ce qui est véritablement essentiel.

La conversion passe par la force spirituelle, le courage d’agir et l’humilité.

Dépouillés de ce qui est superficiel, nous revenons à l’essentiel, à l’humanité et à Dieu.

« Voici la vie qui renaît de nos cendres. »

Le saviez-vous ?

Le mot «carême» vient du latin quadragesima («le quarantième »).

Le Carême se pratique depuis environ le IVe siècle. Il était d’une grande rigueur aux premiers temps, puis fut assoupli vers XIIe siècle pour se concentrer sur l’esprit de pénitence et de conversion.

La bible contient souvent le chiffre 40 : les 40 jours du déluge, les 40 années du peuple hébreu dans le désert avant d’atteindre la Terre promise, les 40 jours de Jésus dans le désert pour affronter la Tentation.

Prière du Carême

Seigneur mon Dieu, donne à mon cœur de te désirer ; en te désirant, de te chercher ; en te cherchant, de te trouver ; en te trouvant, de t’aimer ; et en t’aimant, de racheter mes fautes ; et une fois rachetées, de ne plus les commettre.

Seigneur mon Dieu, donne à mon cœur la pénitence, à mon esprit le repentir, à mes yeux la source des larmes, et à mes mains la largesse de l’aumône.

Toi qui es mon Roi, éteins en moi les désirs de la chair, et allume le feu de ton amour. Toi qui es mon Rédempteur, chasse de moi l’esprit d’orgueil, et que ta bienveillance m’accorde l’esprit de ton humilité. Toi qui es mon Sauveur, écarte de moi la fureur de la colère, et que ta bonté me concède le bouclier de la patience.

Toi qui es mon Créateur, déracine de mon âme la rancœur, pour y répandre la douceur d’esprit. Donne-moi, Père très bon, une foi solide, une espérance assurée et une charité sans faille.

Toi qui me conduis, écarte de moi la vanité de l’âme, l’inconstance de l’esprit, l’égarement du cœur, les flatteries de la bouche, la fierté du regard.

Ô Dieu de miséricorde, je te le demande par ton Fils bien-aimé, donne-moi de vivre la miséricorde, l’application à la piété, la compassion avec les affligés, et le partage avec les pauvres.

Saint Anselme (1033-1109), Oratio X